Jeudi 9 decembre, J 79, 19 081 kms, Tuk-Tuk, Indonesie
Desole du temps passe sans donner de nouvelles mais la semaine derniere a ete riche en rebondissements. Je vous raconte tout dans l'article suivant, mais avant tout, il fallait que je fasse un article sur les deux jours que nous avons passe dans la ville de Bukit Lawang. Situee en plein coeur de Sumatra, au Sud de Medan, dans la jungle, cette ville est le point de depart de nombreuses randonnees. Le point fort de la region est que c'est un des seuls endroits au monde ou il est possible d'apercevoir des orangs-outans en liberte. Avec de la chance, il est egalement possible de voir d'autres singes, des serpents et des oiseaux de toutes sortes. Nous avons pose notre devolu sur un trek d'une seule journee, car les conditions offertes pour passer la nuit dans la jungle etaient plus que primaires (sous une bache, a meme le sol, sachant qu'en cette periode de l'annee, il pleut toutes les nuits, c'est tres moyen...). Nous avons ete plus que servis en animaux approches, et cette randonnee restera, a coup sur, l'un de nos meilleurs souvenirs de l'Indonesie, si ce n'est le meilleur!
Le rendez-vous est donne a 9h00 avec notre guide devant notre chambre d'hotel. Il fait deja tres lourd, et surtout tres humide. Nous nous badigeonnons le corps de repulsif a moustiques, il parait qu'ici ce sont des voraces. Nous sommes cinq en tout, deux guides, nous deux et Samir, francais, en vacances en Indonesie pour ecrire un scenario pour le prochain film d'Eric et Ramzy! La premiere demi-heure de randonnee se transforme vite en demi-heure de sudation. On grimpe beaucoup, on s'accroche aux lianes, aux branches, en faisant attention a ne pas mettre la main sur des fourmis de la taille de mon annulaire. On aimerai bien se decouvrir mais les moustiques rodent, et ont faim!
On fait une pause en haut de la premiere montee, on mange une banane et un fruit de la passion, les guides fument une clope (et un join!) a vous arracher les poumons, puis on repart. Amar, le guide principal, parle anglais et nous explique diverses choses sur la jungle, les plantes, les animaux que nous croisons (lezards, fourmis, feuilles caoutchou...). Il est tres interessant et c'est un plaisir de l'ecouter nous parler de l'environnement dans lequel il vit depuis pres de vingt-cinq annees. Il a quanrante-deux ans, trois enfants, son fils aine est... guide aussi.
Nous parlons avec Samir de la France, de Gennevilliers ou il a grandi. Il allait au college a Colombes, et nous sommes alles au meme lycee, a dix annees d'intervalle. Comme le monde est petit, hein? Nous ne faisons pas rellement attention a l'environnement qui nous entoure, jusqu'au moment ou notre petit guide qui nous accompagne nous fait signe de la main de ne plus dire un mot et de le suivre. Il a vu quelque chose bouger dans les arbres, peut-etre un orang-outan! En fait, c'est un petit Thomas Leaf, singe d'une quarantaine de centimetres, noir a rayures blanches et avec une queue d'une cinquantaine de centimetres. Pas effraye pour un sous, on arrive meme a le toucher et a lui prendre la main. On n'en revient pas, et pourtant ce n'est que le debut.
Une demi-heure plus tard, nous sortons du sentier et avancons a la machette dans la jungle. La pente est raide, mais Amar aurait apercu quelque chose au loin. Une tache orange se detache de la verdure, et nous pouvons aprcevoir notre premier ourang-outan. C'est une mere et son petit de trois mois qui se deplacent de branches en branches a la recherche de jeunes pousses a grignoter. Le spectacle est magnifique, de loin comme de pres. Nous parvenons a nous rapprocher, et le primate vient egalement a notre rencontre. Nous ne sommes plus qu'a trois metres lui et nous. Ses gestes sont lents, elle a l'air pensive, le spectacle est a couper le souffle. Les orang-outans partagent 95% du patrimoine genetique humain, et il est vrai que la ressemblance est stupefiante. Meme visage avec des traits plus grossiers, meme mains, meme pieds, meme corps quoi!!!!!! Nous faisons des films et des photos a n'en plus pouvoir, les guides s'eloignent pour nous laisser profiter du spectacle. Eux ont l'air de connaitre le show, nous on en redemande. Nous repartons sur notre chemin, laissons la mere et son petit derriere nous.
Des rencontres comme celle-ci, nous en ferons trois en tout dans la journee, dont une qui se terminera par un calin entre Samir et une mere orang-outan et son petit. Sachez qu'il est fortement deconseille de fuir si un primate se rapproche de vous. Donc quand la mere s'est aventuree sur la terre ferme (chose tres rare car les seules ennemis qu'ils ont sont les tigres qui vivent au sol), m'est passee devant et a attrape la main de Samir, personne n'a ose bouger, meme pas les guides. Ca ne s'est pas arrete la! Elle lui est montee sur le dos, a passe ses bras autour de son coup comme s'ils etaient vieux copains et le spectacle a dure deux a trois minutes. Les guides n'en menaient pas large non plus. Il faut dire que meme lents, les singes ont une force decuple par rapport a celle des humains, et a un contre cinq, je ne serais pas sur du resultat final apres un affrontement... Heureusement, l'appel de la banane et de l'ananas a ete plus fort et elle a finalement lache son "otage" pour aller grignoter les mets offerts par le guide.
La ballade s'est bien terminee, sous une pluie battante, a faire de belles glissades sur la terre et a manquer de justesse de se retrouver sur les fesses lors de la descente. Nous garderons un souvenir imperrisable de cette randonnee dans la jungle de Sumatra et de notre rencontre avec les orang-outans. Encore une fois, il m'est impossible d'ajouter des photos a cet article, la connexion a partir de laquelle je vous ecrit est trop faible. (meme le petit drapeau en haut a gaude de l'article prend trop de temps...) Il faudra vraisemblablement attendre Singapour pour voir nos tetes avec en fond d'ecran un singe orange!