Nous revoila sur la Terre ferme! Tant de choses palpitantes se sont passees pendant cette semaine avec la famille de Line qu’un seul article ne suffirait pas a tout vous raconter. Deux seront donc necessaries…un au petit-dejeuner, l’autre au gouter.
Jour 1
Nous sommes partis lundi en fin d’apres-midi direction plein sud, ou la ville d’Invercargill, debut de la region des Catlins. Un rapide “Bye-Bye” a Ken et nous voila sur la route. Le voyage en van s’est deroule sans encombre. Ce vehicule de location est une ancienne camionnette utilitaire reconvertie en camping-car. C’est donc tres fonctionnel mais excessivement bruyant car tout a ete rajoute par la suite (douche, WC, placards, cuisinette). Nous avons du mal a nous parler entre conducteur-passager et les deux clandestins a l’arriere.
Car clandestins nous etions! Arrives de nuit au camping, nous decidons de renouveler la fraude tentee la semaine precedente et ne declarer que les parents dans le vehicule. Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas simplement une personne assise sur le plancher, c’est aussi une autre debout dans les toilettes. Heureusement, les proprietaires n’y ont vu que du feu, et a la seconde ou nous etions gares et branches, nous avons ferme les rideaux car nous etions les seuls dans ce camping, du jamais vu en NZ! Le diner se passe sans encombre, c’est au moment des douches que ca devient plus interessant, et pour cause.
En revenant de sa toilette, le pere de Line m’appelle et me dit discretement qu’il a entendu du bruit a l’exterieur du camping-car. Ni une ni deux, nous voila lui et moi le nez a la fenetre avec une lampe de poche a la cherche dudit animal et a lui braquer le faiseau lumineux dans les yeux. Un gentil oppossum de cinq kilos etait tranquillement en train de deguster les fleurs de notre lieu d’hebergement.
Autant vous dire que ce n’est pas reste un secret tres longtemps. Apres une serie de cris pour le moins stridents, de petits bonds de cabri et un exercice de style tres recherché dans le monde du patinage artistique, la mere de Line etait suspendue au cou de cette derniere, a prier tous les saints pour que plus personne ne quitte notre forteresse pendant les douze prochaines heures! Une crise fou rire s’ensuit et ce n’est qu’une demi-heure plus tard, et après avoir pris mille precautions, que nous avons le droit de quitter un par un le vehicule, sans que la mere de Line tente de monter sur la toit.
La semaine risque d’etre longue, et ce n’est que le debut… 21h00, tout le monde au lit. On deplit la banquette, mais je refuse de dormir dans le “lit commun”, pretextant que la moquette au sol me convient parfaitement, et que mon gros duvet me suffira amplement. Ce n’est pas tres grand, mais j’arrive quand meme a me faufiler sous les autres dormeurs. Le plancher sera tellement froid toute la nuit que je ne fermerai\s l’oeil que quatre heures, et essayerai tant bien que mal a faire des siestes prolongees toutes les heures sur le cote, afin de ressentir le moins possible l’air glacial qui y circule.
Je l’ai choisi, je ne peux m’en prendre qu’a moi-meme. Pour ma premire journee et nuit en camping-car, je n’en garderais pas un souvenir des plus positifs. Certes ce sont les aleas du voyage, mais il nous faudra imperativement trouver un hebergement pour toutes les nuits a venir.
Jour 2
Reveil sous la pluie. Pas d’opposum en vue (“T’es sur Romain t’as bien regarde? Et sous le camping-car hein? Tu y as pense a ca? Heuuu, non…”). On peut enfin sortir de ce cocon protecteur. Un rapide passage a l’Office de Tourisme nous informe que la visite des Cathedrales Caves qui nous avait tant plu lors de notre premier sejour sera impossible car la mer sera a son plus haut niveau au moment ou nous y serons.
Tant pis, ca va nous permettre de visiter d’autres lieux! Ainsi, les Punaikiri Falls se decouvrent après cinq minutes de marche facile. Elle s’etirent sur une dizaine de metres de long et sur pres de vingt de haut. Cette entrée en matiere nous ravit tous les quatres et nous permet de faire une petite pause après plusieurs kilometers de route non-goudronnee. (les Catlins est une des regions les plus sauvages de NZ. L’etat s’attache donc a preserver cet endroit en reduisant la venue du tourisme de masse, et notamment en ne goudronnant qu’une partie de l’itineraire).
Nous enchainons ensuite avec Curio Bay, la ou nous avions pu, six mois auparavant, admirer des penguins aux yeux jaunes, les penguins les plus rares du monde. Malheureuseument pour nous, en pleine journee, les oiseaux partent en mer pour pecher. Decidement c’est pas de veine! Nous en profitons pour faire une halte dejeuner et repartons pour rejoindre notre ville etape pour la soiree, Owaka.
Ca c’est theorique. Dans la pratique, ca donne quelque chose comme ca: bip, bip, bip… Une sonnerie d’alerte se declenche sur le camping-car. Pendant quinze secondes et ce toutes les quinze secondes, nous avons le droit a un doux emetteur a devenir legerement hysterique associe a son delicat voyant lumineux sur le tableau de bord. Mais heureusement que la mere de Line est la pour prendre les choses en main. Son “Hiiiiiiiiiii” tout aussi aigu vient concurrencer, voir meme accompagner l’horrible sonnerie, ce qui donne au final un concerto en bip majeur, pour nerfs a vifs. Ce serons cinquante kilometres a graver dans le bitume, et Dieu benit cette ville pourrie de Owaka ou nous avons finalement coupe le moteur, et en parallele les cordes vocales de notre divine chanteuse. Line passera la demi-heure suivante dans une cabine telephonique a se depetrer avec l’agence de location pour nous arranger un rendez-vous le lendemain matin.
Chapeau l’artiste car dans le fin fond de la NZ, nous trouver un garage susceptible de prendre le camping-car releve de l’exploit, et tout ca en anglais! Pour nous remettre de nos emotions, nous passerons la soiree dans le seul et unique bar de cette localite. A en croire leurs yeux ebahis, les parents se souviendront longtemps de cet endroit ou les clients, tous fermiers alentours, viennentt prendre leur demi au bar en chaussette, apres avoir laisse leurs bottes gadouilleuses a l’entrée.
Jour 3
La nuit a ete excellente. Les jeues ont squatte le van, les un peu moins jeunes ont pris une chambre dans un lodge. Le rendez-vous chez le garagiste ne donnera rien de satisfaisant. Ce dernier, plus habitué a s’occuper a redresser le pare-chocs enfonce d’un 4X4 ou a adjuster la direction faussee d’un pick-up ne prendra pas le temps de s’occuper de nous et nous enverra ballader avec un magistral “je ne comprends pas, aller plutot a Dunedin” Et c’est parti pour cent-cinquante kilometres de douce musique.
Dorenavant, le pere de Line conduira avec des boules Quies, sa femme, ne suportant plus les bips incessants, rejoindra sa fille a l’arriere pour s’en eloigner au maximum. Pour ma part, je recupere la place de copilote et indique le chemin au conducteur par une serie de mouvements de la main. Vous voyez la fine equipe…
Nous ferons tout de meme deux haltes dans la journee. La premiere a Surat Bay, immense plage balayee par les vents, ou enfin nous avons pu admirer un lion de mer femelle qui terminait sa nuit a l’ombre des dunes. La deuxieme a Nugget Point, ou la encore, nous avons pu admirer des dizaines d’otaries et de lions de mer, a distance cette fois-ci. Le soleil est present toute la journee, ce qui nous permet de redecouvrir cette pointe surplombee par son phare sous un autre angle de vue que lors de notre premiere visite. 
Nous arriverons a Dunedin en fin de journee. Juste le temps de poser les affaires au camping de la ville, et nous repartons diner en ville. C’est avec joie que Line et moi retrouvons cette ville, premiere ville etudiante de NZ. A l’hunanimite et pour pouvoir enfin reparer le van, nous decidons de passer la journee du lendemain a silloner les rues et a prendre un petit peu notre temps.
Nous remarquons tout de meme que le bip s’intensifie lorsque le conducteur change de rapport. Nous en concluons que le probleme vient de la boite de vitesse. Il en sera tout autre… la suite au prochain episode!
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